Andreas Simon et Arthur Lauper sont au comble de l’extase : les deux truffiers de Berne ont pu trouver leurs premières truffes dès cet été. Ce ne serait en vérité pas si spectaculaire si ces « diamants noirs » ne provenaient pas de leur propre plantation. « Nous avons planté les premiers arbres il y a environ six ans. » a déclaré A. Simon. Ils ne se seraient jamais attendus à pouvoir profiter d’une récolte aussi tôt.

Le festin avec un œuf au plat

En fait, A. Simon et A. Lauper voulaient simplement vérifier dans quelle mesure cet été sec avait affecté les 120 petits arbres de leur plantation de 5 000 mètres carrés à Krauchthal. « Tout à coup, Vico s’est mis à l’arrêt » raconte A. Simon. Il a donc supposé que son chien d'eau romagnol avait flairé la piste d’un lièvre ou d’un autre animal sauvage. Seulement, Vico ne s’est pas calmé et A. Simon a ensuite compris pourquoi : « Sous un noisetier, j’ai vu trois truffes d’environ 150 grammes en tout » explique le nouveau trufficulteur. « Nous les avons finement découpées au-dessus d’un œuf au plat et dégustées le soir-même. ». Elles n’étaient certes pas aussi aromatiques que lors de la haute saison en automne, mais « c’était quand même un festin et la confirmation que notre petit plan d’arbres fonctionne. » a déclaré A. Simon.

« C’est déjà un petit événement en soi » raconte Fredy Balmer, président de l’Association suisse des truffes. Selon lui, A. Simon et A. Lauper sont les premiers à avoir réussi ce semblant d’exploit en Suisse alémanique. « Quelques personnes déjà ont créé leurs plantations, moi y compris, mais nous n’avions encore jamais eu de récolte » explique F. Balmer.

Depuis que le mot a circulé, dans la sphère des amateurs de truffes, que les arbres truffiers « vaccinés » par A. Simon et A. Lauper ont porté leurs fruits, l’intérêt pour ceux-ci a augmenté. « Sur notre page d’accueil trueffelbaeume.ch, nous recevons des demandes de la Suisse entière » a déclaré A. Simon. À l’heure actuelle, les deux truffiers proposent encore des noisetiers, des tilleuls à grandes feuilles et des pins noirs.

Les racines des petits arbres sont vaccinées avec du mycélium de truffes de Bourgogne noires (tuber uncinatum). La haute saison pour les truffes de Bourgogne se déroule d’octobre à janvier. Dans la gastronomie italienne, cette variété arrive à la troisième place, derrière la truffe blanche du Piémont (tuber magnatum) et la truffe noire du Périgord (tuber melanosporum), qui ne peuvent cependant ni l’une ni l’autre être cultivée à notre latitude. 100 grammes de truffes de Bourgogne coûtent entre 70 et 100 francs suisses.

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